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Chaussures de sécurité, gants de protection, petit bouc au menton, Mohamed Aboud Osman, 20 ans, a le sourire. Arrivé dans le Jura il y a deux ans, le jeune homme souhaite désormais s’installer durablement à Lons-le-Saunier. Avant ça, Mohamed, né à El Haj Youssef au Soudan, avait quitté son pays natal en 2013 pour aller en Égypte.

« À l’époque, explique-t-il, nous avions réalisé une demande d’asile pour la France, avec ma mère, mes frères et sœurs. » Mais l’étude des dossiers est longue. Et le séjour en Égypte s’éternise pendant près de sept ans. De longues années pendant lesquelles il travaille, notamment en tant que garagiste, sans en garder un excellent souvenir. « Parfois, quand on faisait mal notre travail, où qu’il manquait quelque chose, on pouvait se faire frapper. Il y a encore du racisme là-bas », se rappelle-t-il.

Arrivé à Lons en 2020

2020 sonne comme un nouveau départ. Sa demande est- enfin- acceptée. Lui et sa famille arrivent alors à Lons-le-Saunier où, très vite, ils reçoivent de l’aide pour s’installer. Après avoir étudié à Dole en 2021, le Lédonien d’adoption intègre, en octobre 2022, le CFA de Gevingey. En parallèle, il rejoint en janvier l’équipe du Garage solidaire du Jura. La mécanique, Mohamed a ça dans le sang. Rien d’étonnant donc à ce qu’il ait trouvé son bonheur au sein de cette structure. Une aubaine pour celui qui souhaite faire du métier de mécanicien sa profession.

« Cela fait partie de nos valeurs. Légalement, c’est compliqué pour nous de faire de l’insertion ; par contre on peut prendre des gens, leur donner la chance de montrer leur savoir-faire et d’avoir un diplôme prouvant vraiment leurs compétences. Si on l’a aidé à mettre un pied à l’étrier, alors tant mieux », indique Christophe Gruet, le directeur de la structure, ravi.

Un problème de langue rapidement résolu

Reste la question de la langue. « Quand je suis arrivé je ne parlais pas du tout le français », confirme le jeune homme. Alors, Mohamed va se motiver pour l’apprendre. « Je regardais Netflix en français, je m’aidais d’internet, je parlais avec mes amis », détaille-t-il. Il prend aussi naturellement des cours de langue. Aujourd’hui son français, s’il n’est pas parfait, est tout à fait compréhensible même si, avoue-t-il, « j’ai encore quelqu’un qui m’aide à le perfectionner ». Pourtant, il n’a plus aucun mal à se faire comprendre dans son métier comme en dehors.

« Un joueur exemplaire, une personne respectueuse »

Fan de football, Mohamed évolue cette année dans l’équipe 3 de Lons-le-Saunier, après avoir joué une saison à Louhans. « Sur le terrain c’est un joueur exemplaire, il est très impliqué. En dehors, c’est une très belle personne, très respectueuse. Il s’est très bien intégré à l’équipe. À aucun moment la langue n’a été une barrière », confirme Karim Laribi, l’entraîneur, qui devrait pouvoir compter sur lui pour les saisons à venir. Car Mohamed compte bien rester dans la ville préfecture. « Je souhaite m’installer ici, on vit bien à Lons », renchérit-il, toujours le sourire aux lèvres. Quant au Soudan, s’il a envie d’y retourner, il ne peut pas le faire pour l’instant. « C’est un pays où il y a encore beaucoup de problèmes, beaucoup de violences. C’est dangereux, même si j’ai encore de la famille et des amis là-bas. »