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C’est l’affaire judiciaire qui a eu le plus fort retentissement cette année en Charente. Deux semaines avant l’affaire Nahel, le 14 juin, Alhoussein Camara, un Guinéen de 19 ans est tué d’une balle tirée par un policier aux Planes, alors qu’il partait travailler à la base Intermarché de Roullet. Dans un premier temps, le…

C’est l’affaire judiciaire qui a eu le plus fort retentissement cette année en Charente. Deux semaines avant l’affaire Nahel, le 14 juin, Alhoussein Camara, un Guinéen de 19 ans est tué d’une balle tirée par un policier aux Planes, alors qu’il partait travailler à la base Intermarché de Roullet. Dans un premier temps, le syndicat policier Alliance parle « d’un délinquant » qui aurait « commis une tentative d’homicide » sur un fonctionnaire. Dans les jours et les semaines qui suivent, cette version est largement remise en questions, notamment suite aux révélations de Radio France et Mediapart. Mais aussi en raison de la personnalité d’Alhoussein Camara, un jeune homme bien inséré et qui n’avait jamais fait parler de lui. Six mois après, Charente Libre décortique ces quelques minutes qui ont conduit au drame. L’enquête se poursuit, confiée à une juge d’instruction.

1 Départ du FJT

Peu après 4 heures du matin, Alhoussein Camara part du foyer de jeunes travailleurs Pierre-Semard, dans le quartier de Bel-Air, non loin de la gare d’Angoulême. Comme tous les matins, il va travailler à la base Intermarché de Roullet, au volant de sa Peugeot 307.

2 Il est repéré par la police

Les policiers repèrent Alhoussein Camara au volant de sa 307 avenue de Lattre-de-Tassigny. Ils estiment qu’il zigzague et le suivent. Toutefois, le rapport de l’IGPN, la police des polices, mentionne que « l’exploitation de la vidéoprotection de la ville d’Angoulême, au moment de la prise en charge de la Peugeot 307 par l’équipage Brigade de nuit, permettait de constater que ce véhicule à cet instant ne zigzaguait pas sur la chaussée ».

3 4h19 et 9 secondes

Par radio, un policier dans une voiture sérigraphiée annonce le « refus d’obtempérer » .

4 4h19’38 secondes

Alhoussein Camara continue son chemin en direction de Saint-Cybard. Il emprunte la rue de Bordeaux. Dans le véhicule derrière lui, le policier dit à la radio : « On est rue de Bordeaux… Ça a levé le pied, ça roule à 50. »

5 4h20’13 secondes

Toujours rue de Bordeaux, Alhoussein Camara s’apprête à tourner à droite sur le pont de Saint-Cybard. « Visiblement, ça met l’clignotant. Ça va prendre rue de Saintes », dit le policier.

6 4h21’17 secondes

Alhoussein Camara passe devant le 107 rue de Saintes à allure modérée. Il est filmé par la vidéosurveillance de la Société générale. Il est suivi par une voiture de police qui utilise son gyrophare.

7 4h21’43 secondes

Malgré le gyrophare capté par la vidéosurveillance, Alhoussein Camara continue son chemin. « Ouais… euh, on passe devant l’Intermarché, ça roule un peu plus fort. On est à 80 », mentionne le policier à ses collègues par radio.

8 4h22’10 secondes

Toujours rue de Saintes, après l’Intermarché, le policier indique : « Ouais, y roule, il est à 110 maintenant. »

9 4h23’20 secondes

À cette seconde précise, le policier fait usage de son arme. Quelques secondes avant, Alhoussein Camara s’était arrêté au feu rouge des Planes, sous le pont de la RN 10. À ce moment-là, deux voitures de police sont arrivées sur les lieux. Le jeune Guinéen a enclenché une manœuvre de recul pour ré-avancer et, se sentant en danger, le policier a tiré. Une version remis en cause pas l’enquête (voir ci-dessous). À 4 h 50, le décès est constaté.